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Interprétation et transfert

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Si, pour Freud, la découverte de l’amour de transfert a été primordiale dans sa théorie de l’acte analytique, il s’est heurté à ce qu’il a de trompeur et a appelé résistance, les effets de stagnation dans l’avancée du travail d’analyse. Il a même mis à jour combien le transfert négatif pouvait être une entrave à l’analyse. Lacan, lui, a noué le transfert à deux conditions : la première est la mise en jeu du sujet supposé savoir comme ouverture vers le désir de savoir et, la seconde, une rencontre tout à fait singulière entre ces deux partenaires que sont l’analyste et l’analysant : « Car qui, à apercevoir les deux partenaires jouer comme les deux pales d’un écran […] ne peut saisir que le transfert n’a jamais été que le pivot de cette alternance même.[1] » L’expression même de « pales » renvoie à un mouvement de balancier, marquant la pulsation de ce jeu où chaque partenaire tisse ce lien incomparable qu’on appelle transfert. Et de quoi est faite cette partie si ce n’est de la déduction qu’opère l’interprétation de l’analyste, qu’il s’agisse d’un oui à ce que je dis, d’une suspension de la séance sur un signifiant-maître, voire de l’homophonie d’un mot, effets de surprises et de trouvailles qui incisent le savoir déjà-là. Jacques-Alain Miller définit l’interprétation comme la mise en place d’un « Je te dis que tu as dit autre chose que ce que tu voulais dire.[2] » L’interprétation fait vaciller l’intention de signification propre au moi pour en faire tomber la vérité toute. Tout lapsus se construit sur cette faille. Ce que je voulais dire s’est perdu et un autre sens s’est dévoilé, celui-là même que je ne savais pas, que je ne voulais pas reconnaître.

L’interprétation apparaît alors au même niveau que le transfert. Loin de poursuivre le débat sur la nécessité d’interpréter avant ou après la mise en place du transfert, il semble plutôt qu’il s’agisse d’en faire nouage, l’interprétation étant ce qui vient convoquer ce désir de savoir, le transfert n’étant alors que le support à ce désir.


[1] Lacan J., « Proposition du 9 octobre 1967 sur le psychanalyste de l’École », Autres Écrits, Paris, Seuil, 2001, p. 254.
[2] Miller J.-A., « L’écoute avec et sans interprétation », Lacan Web Télévision, 2 juillet 2021, disponible sur internet.

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