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Le « charme » de l’équivoque

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Peut-on oser cette formule ?

L’équivoque a des attenances à lalangue, car « L’homophonie est le moteur de lalangue. […] Lacan ne trouvait pas mieux pour caractériser une lalangue que d’évoquer son système phonématique.[1] »

À ce titre, infiltrée dans la langue de chacun dont elle constitue le support originel autant qu’original, lalangue y consiste en traces des mal-entendus déposés.

L’analyste, en faisant résonner l’équivoque homophonique, révèle ces malentendus. Il fait surgir les singularités signifiantes, ce qui dévoile leur effet de jouissance. Sa praxis se fonde sur « L’interprétation, [… qui] n’est pas interprétation de sens, mais jeu sur l’équivoque[2] ». « Il en résulte […] que c’est lalangue dont s’opère l’interprétation[3] ».

L’équivoque s’apparente au mot d’esprit, cher à Freud. Elle surprend et peut plaire. Y aurait-il un « charme » de l’équivoque ? Le signifiant « charme » renvoie à la fois au signifié médiéval qui relève de la magie, de l’ensorcellement et à celui apparu aux Temps modernes comportant la dimension de l’attrait.

Le charme de l’équivoque, ne tient-il pas à ce que celle-ci bouscule un autre charme, qui « envoûte » et plaît au parlêtre : son fantasme ?

L’équivoque par son effet interprétatif dévoie l’« intention de signification[4] », puisqu’elle revient à « prendre les choses à contre-sens[5] ». Si elle découvre, dans le cadre de l’inconscient transférentiel, des sens autres qui permettent la construction de savoirs, elle opère aussi une dévaluation du sens jusqu’à ce que la quête de ce sens s’épuise. Elle révèle l’inanité du « ça ne veut rien dire[6] » et porte atteinte à la parole, au profit d’un « ça veut jouir[7]» logé dans une écriture hors sens.


[1] Miller J.-A., Théorie de lalangue, Paris, Navarin, coll. La Divina, 2021, p. 88.
[2] Lacan J., « La Troisième », La Cause freudienne, no 79, octobre 2011, p. 20.
[3] Ibid.
[4] Miller J.-A., « L’interprétation à l’envers », La Cause freudienne, no 32, février 1996, p. 9.
[5] Miller J.-A., « Le monologue de l’apparole », La Cause freudienne, no 34, octobre 1996, p. 18.
[6] Ibid.
[7] Ibid.

 

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