« La trajectoire analysante de l’impuissance à l’impossible mène simultanément du tragique au comique1 ».
Il s’agit donc de la même trajectoire ! Percutée ! Il en faut du temps, des années de cure, des « je n’en veux rien savoir », des rectifications subjectives, des réveils, afin qu’un passage de l’impuissance – du tragique, de l’idéal, du tout – à l’impossible – au comique, au non rapport – advienne.
L’impossibilité est logique, structurale, du fait du réel. L’impossible, ce ne cesse pas de ne pas s’écrire, peut s’appréhender à partir d’un certain consentement à la castration. La rencontre avec l’effet comique est alors possible. Le réel n’est pas comique, c’est même tout le contraire, et pourtant. À chacun de s’y « habituer2 ». La cure fait surgir le comique de la vie, le réel devient partenaire du sujet et non plus obstacle, « horreur3 ». C’est via les séances, les unes après les autres, via chacune des interprétations, équivoques, coupures de l’analyste que le comique peut s’immiscer. L’effet comique produit par l’interprétation « inoubliable4 » fait voler en éclat le côté tragique de l’histoire du sujet. Le passage de l’impuissance à l’impossible se décline, singulièrement : l’acquiescement à un « entre5 » ou « un arrangement satisfaisant6 » selon les AE. La douleur du sujet se « dévitalise, perd sa couleur, ses accents tragiques, pour se convertir en comédie7 ». Faire avec l’impossible invite à l’exploiter, à inventer, à réinventer car rien n’est jamais acquis pour de bon. Souvent, ça rate.
Ainsi, au cours de la cure, l’analysant cède, morceau par morceau, à l’impuissance, et la dimension du tragique se désagrège révélant la puissance créatrice du désir qui ouvre au comique de la vie. Advient le gay sçavoir, dans le corps Un-carné.
