L’entre-je

Tandis que les grammairiens s’intéressent à la seule structure de la langue, Lacan y situe l’inconscient, qui définit la structure du sujet. Ainsi, à partir de deux énoncés en apparence semblables, « le médecin-chef qui a fait opérer ce malade par son interne, et le médecin-chef qui devait opérer ce malade, il l’a fait opérer par son interne[1] », attrape-t-il le délire. L’« immixtion des sujets » pose la question de « l’entre-je[2] », qui se retrouve aussi bien dans le rêve de Freud, l’injection faite à Irma, que chez Schreber. Dans le récit de rêve de Freud, comme dans le premier énoncé, les trois protagonistes sont distincts, mais dans le second énoncé de Schreber, c’est Flechsig qui a l’initiative : il lui fait faire. Cet il de la seconde phrase n’est pas un signifiant qui représente un sujet pour un autre signifiant, mais un signifiant comme Autre non barré, qui vise Schreber.

On retrouve la même différence entre ces deux énoncés : « tu es celui qui me suivras » et « tu es celui qui me suivra »[3]. Le s de suivras implique le tu et présentifie le Je du surmoi comme fonction invocante, tandis que le tu qui précède suivra s’objective et permet cette énonciation : J’en ai plein le dos[4].

[1] Lacan J. Le Séminaire, livre III, Les Psychoses, texte établi par J.-A. Miller, Paris, Seuil, 1981, p. 219.

[2] Ibid., p. 218.

[3] Ibid., p. 335.

[4] Cf. ibid., p. 316

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