Présence de l’analyste

L’écoute, pas sans l’interprétation, à la suite de Jacques-Alain Miller, pose la question de l’Autre.
À quoi l’analyste prête-t-il l’oreille ?
Voilà qui revient à s’interroger sur le statut de l’Autre.
Est-ce un Autre de la vérité, qui privilégie la sémantique et l’histoire ? Est-ce un Autre comme savoir, qui privilégie la science, la linguistique, la logique du signifiant ?
Ainsi, lors des 53èmes Journées de l’École de la Cause freudienne dont le titre est « Interpréter, scander, ponctuer, couper », pourrons-nous décliner plusieurs modalités de la présence de l’analyste selon le statut reconnu à l’Autre, car la présence ne va pas sans l’absence. Elles font couple.
Au temps de l’Autre de la vérité et du désir, l’opération analytique, avec scansion et ponctuation, offre deux modalités de l’interprétation.
Au temps de l’Autre comme savoir — c’est un des apports majeurs du Séminaire XI —, la présence de l’analyste s’avère décisive dans la manœuvre du transfert. C’est là que l’analysant rencontre l’analyste sous les espèces de sa présence, sous la forme du désir de l’analyste, avec comme conséquence majeure, dans la cure, que l’analysant est conduit à parler à petit a ; ce qui n’est pas la même chose que parler à grand Autre. Ainsi, l’intérêt du transfert n’est pas seulement le rapport à l’inconscient, mais plutôt la face de tromperie, en tant que celle-ci permet la rencontre avec l’objet. Ce que la manœuvre du transfert permet de rencontrer, c’est ce que l’amour de transfert recouvrait, c’est-à-dire le lien du transfert à la pulsion.
À ce temps de l’enseignement de Lacan, l’opération analytique, avec coupure et acte, offre deux modalités de l’interprétation.

Présence de l’analyste comme l’Un-corps selon J.-A. Miller.
Dans le dernier enseignement de Lacan, la remise en question de l’analyse porte sur les deux concepts majeurs que sont l’interprétation et le transfert.
J.-A. Miller, présentant le thème du Xe congrès de l’AMP dans sa conférence « L’inconscient et le corps parlant », indiquait qu’au cours du Séminaire XX, Lacan dote d’un corps le sujet de l’inconscient.Lacan dit « l’homme », car, au contraire du sujet de l’inconscient qui n’a pas de corps, l’homme a un corps. Ce corps est parlant, mais ce n’est pas le corps qui parle. C’est l’homme qui parle avec son corps. Il se sert de son corps pour parler. Ce n’est pas la parole du corps, soulignait J.-A. Miller. Il ajoutait : « Quand on analyse l’inconscient, le sens de l’interprétation, c’est la vérité. Quand on analyse le parlêtre, le corps parlant, le sens de l’interprétation, c’est la jouissance. Ce déplacement de la vérité à la jouissance donne la mesure de ce que devient la pratique analytique à l’ère du parlêtre.[1] » 


[1] Miller J.-A., « L’Inconscient et le corps parlant », La Cause du désir, no 88, octobre 2014, p. 114.

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