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Vos paroles m’ont frappé

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Il arrive souvent qu’un sujet dise ce genre de phrase à son analyste, soit parce qu’il attendait avec impatience un dit de l’analyste, soit parce que ce dit a provoqué une surprise, ou encore parce que ces mots-là ont fait mouche, sont arrivés à propos et ont résonné dans l’inconscient du sujet.

À l’inverse, on rencontre assez fréquemment une résistance à consentir qu’un mot de l’analyste ait eu un effet subjectif. Un ou une tel(le) aura tendance à ignorer, voire à refuser l’impact d’une parole de l’analyste, justement parce qu’elle l’a frappé, le sujet tenant à dire que ce que l’analyste lui renvoie n’est jamais une parole qui le frappe, si ce n’est comme erronée. Cette manifestation de transfert négatif peut aller jusqu’au mépris : « Ce n’est tout de même pas un mot de l’analyste qui va produire un effet sur moi ! » D’autres fois encore l’analyste est étonné que revienne cette phrase dans les paroles de l’analysant plusieurs mois après leur énonciation, sans que le sujet ne s’en soit jusque-là jamais fait le destinataire. Le temps propre à l’inconscient continue de nous surprendre.

Qu’une parole de l’analyste vienne frapper un sujet ne veut pas dire non plus que son moi en soit prévenu. « Vos paroles ont frappé », plutôt que « vos paroles m’ont frappé ». « Tel signifiant a frappé » serait encore plus juste ; le sens n’est pas ici appelé mais bien plutôt le signe d’une réitération signifiante relevée par l’analyste et susceptible de faire bouger les défenses du sujet.

« Votre scansion m’a frappé » doit faire partie de cette liste. Pourquoi avoir arrêté la séance sur tel mot, telle phrase ? Cette coupure choisie d’avec le symbolique a un effet sur le sujet qui peut lui révéler un sens.

Cette phrase « vos paroles m’ont frappé », n’est pas toujours énoncée par l’analysant. Elle peut aussi venir de l’analyste. Par exemple, lorsqu’un sujet piétine durant plusieurs séances sur un bouclage de sens qu’il n’arrive pas à attraper : il y parvient enfin et l’analyste se fait fort de lui souligner afin de marquer ce capitonnage.

Cette phrase relève d’une équivoque interprétative quand elle est dite par l’analyste : « être frappé par » indique un impact mais pas le sens de cet impact. Est-ce une désapprobation, cela vise-t-il un encouragement, une voie à poursuivre, un danger à éviter ? C’est au sujet à s’orienter à partir de ce dire.

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