Bruissement

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« L’inconscient de la vérité menteuse, on peut dire que c’est […] une élucubration de savoir sur lalangue, dans la mesure où lalangue – en un mot – c’est la chaîne symbolique et ses trois dimensions réduites au réel, réduites au bruit que ça fait, si je puis dire. Le bruit où l’on peut tout entendre. Et c’est dans cette mesure que l’inconscient transférentiel, l’inconscient qui s’élabore dans une analyse, on peut dire que c’est une élucubration de savoir sur le réel ».

Miller J.-A., « L’orientation lacanienne. Le-tout-dernier-Lacan », enseignement prononcé dans le cadre du département de psychanalyse de l’université Paris 8, leçon du 29 novembre 2006, inédit.

 

Que dire du bruit ? Quand un être parlant bruit, il est « agité d’un frémissement, d’un mouvement intérieur ». Issu du latin rugire « rugir » et bragere « braire », le verbe bruire a de nombreux synonymes dont murmurer, ronfler, gémir, chuchoter, susurrer, fredonner, gazouiller, qui indiquent que le corps est traversé par des sons sans sens. Le corps est touché par la matière sonore, par un bruissement venant de lalangue. Roland Barthes questionnait : « Et la langue, elle, peut-elle bruire ?1 ». La langue, dénaturée, forme « un immense tissu sonore2 », mais il lui faut aussi « une érotique […], l’élan, ou la découverte, ou le simple accompagnement d’un émoi3 ». Lalangue est bruissement, elle bruisse d’échos, l’expérience analytique nous démontre qu’elle laisse sur le corps des traces jouissantes, tandis que l’inconscient est chiffrage, élucubration de sens.

 

1 Barthes R., « Le bruissement de la langue », Œuvres complètes, IV, Paris, Seuil, 2002, p. 801.
2 Ibid.
3 Ibid., p. 802-803.

 

 

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