« Tout homme moderne a le cœur tourmenté par ce problème : “Au commencement était le Verbe”, mais quand même, “Au commencement était l’action” ! Entre les deux son cœur balance. Il n’a vraiment pas besoin de tant se tourmenter, pour la raison que l’action humaine par excellence, c’est précisément la parole. »
Lacan J., « Du symbole, et de sa fonction religieuse », Le Mythe individuel du névrosé, Paris, Seuil, 2007, p. 60.
Il était une fois – formule consacrée qui lance contes et légendes dans la tradition populaire – renvoie à un temps mythique qui ne peut se nommer, entre un possible et un impossible, un il y a originaire. Ce dont Freud fait le mythe des pulsions comme ce qui ne peut s’historiser du mystère de la vie, Lacan l’attrape du côté des effets de langage et de répétition qui produisent formule de discours. Ce qui cause le réel de la vie, à partir de la marque singulière du signifiant sur le vivant du corps organique, reste indicible. Échappant à toute représentation, la connexion du vivant et de la jouissance est à jamais perdue. Il n’y a plus trace du signifiant originel Urverdrängt. Le il n’y a pas, qui fait la définition de l’impossible réel, laisse apparaître un trou d’où sortira un y’a comme mouvement primordial de la prise du corps vivant dans le langage. En action, la vie se poursuit et peut émerger un sujet comme « hystoire[1] » qui s’écrit, se lit, se dit entre les lignes.
[1] Lacan J., « Préface à l’édition anglaise du Séminaire XI », Autres écrits, Paris, Seuil, 2001, p. 571.