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Annuler l’effet traumatique?

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 [M]on nœud bo, […] ça change le sens de l’écriture. Ça montre quelque chose à quoi on peut accrocher des signifiants .

Lacan J., Le Séminaire, livre XXIII, Le Sinthome, texte établi par J.-A. Miller, Paris, Seuil, 2005, p. 144.

 

Ce que Lacan avance avec son « nœud bo»[1] implique que l’écriture soit première et ne se réduise pas à une impression, au « bloc-notes magique »[2] de Freud. Les marques naissent de la rencontre du corps avec le signifiant dans sa matérialité, c’est-à-dire en deçà de l’articulation signifiante. Pour la psychanalyse, le traumatisme se situe au niveau de l’événement de corps qui fait trou, hors sens et sans représentation. L’écriture du nœud est ce qui permet une « notation[3] » de l’éprouvé, une écriture du trou. C’est au mode de jouir singulier, aux bords du trou, que s’accrochent les signifiants et, par conséquent, les phrases marquantes.
Cet abord de la marque n’est pas victimaire[4], pas plus qu’il ne réduit la trace à une inscription dans le réseau neuronal – tel que le supposent des thérapies en vogue comme l’EMDR[5]. Il implique que les effets de résonance, de coupure, « de sutures et d’épissures[6] » sont seuls à même de produire un nouvel arrangement qui, s’il n’annule pas les marques, traite leur charge mortifère au profit du vivant.

[1] Lacan J., Le Séminaire, livre XXIII, Le Sinthome, texte établi par J.-A. Miller, Paris, Seuil, 2005, p. 144.
[2] Freud S., « Note sur le “Bloc-notes magique” », Résultats, idées, problèmes, t. II, Paris, PUF, 1992, p. 119-124.
[3] Cf. Laurent É., L’Envers de la biopolitique. Une écriture pour la jouissance, Paris, Navarin/Le Champ freudien, 2016, p. 111.
[4] Cf. Koretzky C., « La marque et le poids », blog des 54e journées de l’ECF, 17 juin 2024, publication en ligne (journees.causefreudienne.org).
[5] EMDR : Eye Movement Desensitization and Reprocessing, désensibilisation et assimilation neuro-émotionnelle des mémoires traumatiques par les mouvements oculaires.
[6] Lacan J., Le Séminaire, livre XXIII, Le Sinthome, op. cit., p. 73.

 

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