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Axe 3 -Phrases marquantes relevées, scandées par l’analyste dans le discours de l’analysant et appelant son interprétation

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Il est des phrases marquantes dans le discours de l’analysant qui se prêtent immédiatement à une interprétation. Elles permettent à l’analyste une scansion, une coupure ou un acte. Parfois, l’analyste, qui la relève, décide de s’abstenir.


Rectification
L’interprétation freudienne opère à l’occasion par rectification d’une phrase marquante. Un analysant déclare : « vous vous demandez qui peut être cette personne dans le rêve. Ma mère, ce n’est pas elle1 ». Freud fait alors immédiatement apparaître la conclusion : « Nous rectifions : donc c’est sa mère ». La forme négative de l’énoncé n’empêche évidemment pas de soutenir que c’est bien un effet de l’inconscient qui surgit à ce moment-là : le sujet a pensé à sa mère, fut-ce pour l’écarter.


Signification personnelle
Une phrase marquante peut aussi être le témoignage immédiat d’un déclenchement psychotique chez un patient reçu pour la première fois. Ce fut mon expérience un jour avec un sujet venu me rencontrer, dans un moment de grande inquiétude, parce qu’il pensait qu’on allait l’accuser d’un attentat qu’il n’avait pourtant pas commis. Un attentat avait bien été commis en ville deux jours plus tôt, visant une banque, la BBL. Le lendemain, après avoir entendu une description sommaire du supposé terroriste dans laquelle il se reconnaissait, ce patient était passé devant une affiche publicitaire de cette banque marquée : « La BBL pense à vous ! » Il l’avait immédiatement interprétée comme s’adressant personnellement à lui. Une telle phrase rapportée avec son interprétation signe le diagnostic, mais n’appelle bien sûr aucune interprétation supplémentaire de la part de l’analyste.


Scansion
Il s’agit parfois de relever la phrase qui donne une réponse partielle à un drame que vit le sujet. Ainsi une analysante ayant perdu son enfant encore très jeune dans un accident dit, en me racontant les circonstances du drame qui venait de se passer, son intense sentiment de responsabilité et, précise-t-elle, non de culpabilité. Puis elle ajoute, à propos de son enfant : « il faisait ses affaires », au sens où il était assez spontané et décidé dans les actions qu’il entreprenait. Après avoir entendu le récit de l’accident, je lui rappelle cette phrase et elle peut conclure qu’il faut, en effet, lui laisser, à lui aussi, sa responsabilité de sujet dans ce qui est survenu, ce qui remet la sienne à sa juste place, pas plus excessive qu’il ne convient.


Entre symptôme et fantasme
Une phrase ouvre à l’occasion une vue sur le fantasme du sujet. Tel analysant rêve qu’il fait une performance scénique. L’homme qu’il voit sur scène ne lui ressemble en rien, et pourtant c’est bien lui. Il joue l’homme, me dit-il, alors qu’il est habitué à jouer la femme. À la fin du rêve, quelqu’un s’adresse à lui à propos de sa prestation scénique : « Mon petit, je n’ai qu’une chose à dire : “Vous êtes une pipelette.” » Il en est choqué et se réveille. Cette phrase marquante, formation de l’inconscient qui réveille, est en elle-même une interprétation entre sa position symptomatique et son fantasme. L’analyste ne peut que ponctuer par une affirmation qui soutient cette interprétation.

Transfert
Enfin, une phrase marquante peut parfois situer une question dans le transfert. Ainsi, tel analysant qui s’inquiète d’un bruit qu’il pense avoir perçu derrière lui. « Vous dormez ? », demande-t-il à l’analyste. Celui-ci, que je reçois en contrôle, répond par un silence, ce qui amène l’analysant à se retourner furtivement. Ce léger acting out introduit pour lui-même le fil de l’interprétation : son analyste précédent était mort, par suicide, pensait-il. C’est le silence qui a provoqué ce rappel. Remarquons que cette brève séquence témoigne aussi d’une différence sensible avec les séances par téléphone, sans présence des corps, où la question n’est pas « Êtes-vous mort ? », mais simplement « La communication n’est-elle pas interrompue ? »
Ces quelques vignettes cliniques invitent à entendre la variété des phrases marquantes qui peupleront cet axe clinique des 54es journées de l’École de la Cause freudienne.


1 Freud S., « La négation », Résultats, idées, problèmes, t.II, Paris, PUF, 1985, p. 135.


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