« Le surmoi est un loustic, un plaisantin, un farceur. Sans doute n’êtes-vous pas accoutumés à le considérer ainsi. C’est parce que vous voyez le maître sans voir le valet. […] Le surmoi, est un ça qui parle. […] Le ça ne dit pas, il montre, il fait1 ».
Cette citation : véritable effet de surprise ! Vision du surmoi, autre que celle du « maître sévère ». Qui aurait cru aborder le « surmoi » en le qualifiant de loustic, de plaisantin ou de farceur ? Pas l’analysant à ses débuts ! Et puis, d’ordinaire, nous ne faisons guère ami-ami avec notre surmoi ! Il faut un certain recul, sortir des pleurs et du tragique.
Jacques-Alain Miller ne cache pas cet effet de surprise à envisager les choses de la sorte. L’exemple du couple maître-valet nous éclaire. Ils ne font qu’un, passent leur temps à interchanger leur place et à se cacher les uns des autres. C’est une comédie à laquelle le public participe.
Pour chaque sujet, metteur en scène et comédien, « C’est à vouloir être le maître du ça que le moi se retrouve avec un surmoi sur le dos. […] quand il cesse de vouloir l’être, son surmoi s’allège comme par miracle. […] que profère le surmoi ? Jouis !2 » Tout cela échappe au parlêtre ! Le ça et les pulsions sont aux manœuvres ! Rappelons que « l’inconscient, ce n’est pas que l’être pense, […], c’est que l’être, en parlant, jouisse, et, […] ne veuille rien en savoir de plus3. »
Dans le transfert, l’acte de l’analyste fait exister l’inconscient et engendrer la répétition, tout en prenant en compte le surmoi. Isoler les signifiants et les paroles causant de la souffrance au sujet procure un allègement du surmoi, afin que la jouissance condescende au désir. Une condition est requise : que l’analysant tire les conséquences de ce qu’il dit.
L’effet comique du surmoi, c’est bien une histoire d’après-coup ! L’analysant devenu spectateur et analyste de sa mise en scène se dit : « Tout ça pour ça ! » Il aperçoit le côté bouffon de son surmoi. « Se faire dire la vérité, – et ce, sur le mode bouffon, […] est le mode le plus commun de la vérité4. »