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Jeu du signifiant dans le réel

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« La valeur du trait d’esprit, et qui le distingue du comique, c’est sa possibilité de jouer sur le foncier non-sens de tout usage du sens. Il est, à tout instant, possible à mettre en cause tout sens, en tant qu’il est fondé sur un usage du signifiant1. »

Avec son humour et ses traits d’esprit, le petit Hans démonte les constructions de son père et de Freud, et leur rappelle qu’il restera toujours une ambiguïté dans l’interprétation. Il semble ainsi le maître du jeu, mais n’oublions pas qu’il est lui-même joué par les signifiants. Hans est très tourmenté quand il rencontre Freud. Il est en difficulté pour répondre du réel auquel il a affaire en tant que petit garçon, et tente de sortir d’une relation essentiellement imaginaire avec sa mère pour entrer dans des relations symboliques plus élaborées. Le traitement de Hans avec Freud est un « processus de symbolisation2 », face à des relations qui le mettent « en présence de problèmes qui sont comme tels des problèmes de signifiants. […] l’existence du signifiant introduit dans le monde de l’homme un sens nouveau. […] Ce sont alors des problèmes de création de sens, avec tout ce qu’ils comportent de libre et d’ambigu, la possibilité étant toujours ouverte de tout réduire au néant arbitrairement3 ». Voilà donc une des marges de manœuvre de l’homme parasité par le langage : le petit Hans dit oui à une interprétation puis, juste après, ajoute en riant : « Mais non c’était une blague ! » Il utilise le système signifiant pour dégommer les constructions signifiantes de l’autre et repart aussitôt dans ses propres recherches, vers une solution symptomatique qui lui conviendrait mieux. Le paradoxe des sujets en analyse est de n’avoir que la parole pour essayer de traiter ce qui, justement, les encombrent dans la parole – un travail laborieux mais aussi parfois joyeux !

  1. Lacan J., Le Séminaire, livre IV, La Relation d’objet, texte établi par J.-A. Miller, Paris, Seuil, 1994, p. 294. ↩︎
  2. Miller J.-A., « La logique de la cure du Petit Hans selon Lacan », La Cause freudienne, n° 69, 2008, p. 100.  ↩︎
  3. Lacan J., Le Séminaire, livre IV, La Relation d’objet, op. cit., p. 293. ↩︎
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