par Laura SOKOLOWSKY, directrice des J55
C’est pour saisir ce qu’est le gain de plaisir associé au mot d’esprit que Freud considère les variétés du comique en distinguant celui qui s’applique à la personne propre « en faisant semblant d’être maladroit ou idiot1 » et celui visant à se moquer d’autrui par des situations ou des paroles.
Qu’il s’agisse de démasquer l’infatuation du moi ou de parodier l’image de l’autre comme support de l’identification, la signification du comique est l’avertissement que « tel ou tel que tu admires à l’égal d’un demi-dieu n’est lui-même qu’un être humain comme toi et moi2 ».
Lacan le reprendra en indiquant que le problème de l’Autre et de l’amour est au centre du comique3.
Le comique dans la parole
L’effet comique se fonde en premier lieu sur le cristal de la langue, c’est-à-dire par ce qui s’entend matériellement dans la parole comme homophonie, équivoque et double sens. Par la grâce de l’interprétation, l’analyste fait résonner cette matérialité signifiante qui vire à la lettre où poésie et comédie ont une origine commune fondée sur la métaphore.
Ici, point d’humour comme « outil thérapeutique » : en psychanalyse, on ne recourt pas aux blagues pour suggérer à l’analysant qu’il vaut mieux rire que pleurer. Cela reviendrait à faire parler le surmoi s’adressant au moi : « Regarde, le voilà donc ce monde qui a l’air si dangereux. Un jeu d’enfant, tout juste bon à ce qu’on en plaisante !4 » .
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Aux praticiens qui travaillent en institutions médico-psychologiques, médico-pédagogiques, médico-sociales, pédagogiques ou sociales, ainsi qu’en libéral.
Que la clinique soit comique suscite de l’étonnement. N’est-il pas attendu que les prises en charge et suivis dans un cadre institutionnel ou libéral s’accompagnent de plaintes et de symptômes qui font souffrir ? La référence au tragique paraît a priori plus adéquate que celle du comique. Mais qu’en est-il réellement dans la pratique ? Car chacun peut l’avoir vécu dans sa pratique : des événements inattendus bousculent les évidences et les pronostics pessimistes.
Ces Journées de l’École de la Cause freudienne viseront à révéler la dimension du comique qui se présente, non pas seulement en théorie, mais dans la pratique clinique comme telle. C’est à ce titre qu’elles intéresseront tous ceux qui s’orientent d’une clinique du sujet au-delà des protocoles et des normes qui n’accordent guère de place au désir…
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« La vie n’est pas tragique, elle est comique1 » précise Lacan. Mais en quoi la clinique est-elle comique ? Et pourquoi sera-t-il passionnant pour les non-analystes de s’y intéresser à l’occasion des 55es Journées de l’École de la Cause freudienne ?
Le comique et les arts
Le comique se joue du discours du maître avec impertinence. Il contourne la censure et révèle la vanité de l’ego qui se présente comme un modèle identificatoire à suivre, comme un idéal. Les artistes en usent depuis toujours pour subvertir les normes : dénonçant l’infatuation du moi, le comique dans les arts rejoint la conception lacanienne de la cure analytique où la référence au moi s’avère seconde.
L’art contemporain paraît aussi réaliser la définition qu’Aristote donnait du comique dans sa Poétique, à savoir le détachement d’avec les nécessités du noble et du beau.
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